lundi 14 septembre 2015

NOTE D’INTENTION

Ce projet concerne la réalisation d'une œuvre électroacoustique de type Hörspiel (radio-théâtre) d’environ 1h30. Printemps critique relate la traversée d'une Bouffée Délirante Aigüe, état psychotique caractérisé par un délire à thèmes polymorphes accompagnés de troubles hallucinatoires multiples. L’auteure Douce Mirabaud y raconte ses hallucinations, ses angoisses paranoïaques, ses ressentis mystiques, l'histoire de son enfermement, de son traitement, de sa rechute.

La parole d’Andrée Pouce, double délirant de l'auteure, porte le témoignage poétique de son immense et douloureuse errance. Elle détourne les expressions et néologise, retranscrivant au plus intime son état. Une écriture aussi faite de contrastes, langue froide, logique, scientifique, tantôt compatissante, tantôt violente selon les autres personnages.
Ce texte a obtenu la bourse d’écriture de la Sacd-Beaumarchais en juillet 2013. 

 


Vous trouverez ci dessous quelques réductions pour l'écoute en stéréo, cette playlist est mise à jour régulièrement :




3.
ANDRÉE POUCE CONSCIENTE. − Numéro 3. Les roses ne sont pas des
somnifères.
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Du sommeil. Momie.
MONSIEUR P chypsanalyste au téléphone. − Il y a bien une pharmacie ouverte le
dimanche dans cette ville, faites un effort, prenez des somnifères, il faut absolument
que vous trouviez le sommeil.
ANDRÉE POUCE CONSCIENTE. − Andrée Pouce s’est forcée
à trouver des somnifères.
Durant sa sortie,
en ce jour du seigneur,
le monde lui révélait
une multitude de signes et de codes.
Le symbole
pris alors un sens inépuisable
dans son existence.
Elle n’est pas revenue avec des somnifères
comme elle aurait dû,
mais seulement avec un bouquet de roses pâles.
Noir.

4.
ANDRÉE POUCE CONSCIENTE. − Numéro 4. Numéro Zéro. La voici donc au
rez-de-chaussée de son mythe.
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Le jour s’effondre sous la nuit
et un jour de plus d’insomnie.
La nuit s’effondre sous le jour
et une nuit de plus d’insomnie.
C’est la langue chienne
son pour son Catimini
en plein milieu de l’aube de mes six heures bourreaux.
Plus d’ombre.
Plus de nuit.
Le jour étale le nouveau langage dans le parc de la mimésis.
Ils t’ont coupé la langue Philippe,
ils t’ont coupé la langue pour que tu gémisses,
édenté, le langage de ta chienne Catimini à ses quatre pattes.
Et derrière la fenêtre ,
dans le parc,
je te vois, toi et ta chienne,
et l’homme qui te surveille.
Philippe,
Philippe,
HAARP (High Auroral Active Research Program), ils ont détruit le printemps !
Les réveils pointent le bruit des voisins
pour les départs en série
des vies actives et fictives.
Fais comme eux Andrée.
Agite-toi.
Jette les poubelles.
Ne laisse aucune trace.
Ils t’accuseront.
Va-t’en complètement de cet appartement.
Ne reviens plus jamais ici.
Laisse les roses
mais prends la pomme.
Laisse les roses,
elles tiendront jusqu’à la naissance sans bruit
des jeunes femmes inconnues.
Laisse les roses.
Dépose un chèque en blanc.
Ordonne le tapis de bain en un tapis d’accouchement.

Va-t’en.
Va chercher le sommeil à la capitale
et, laisse-les résoudre les solutions de l’anglaise SK(Sarah Kane).
Ils la trompent sur mesure de toutes façons.
Tu sais exactement ce que tu as joué,
où ils en sont, comment ils lèchent.
Ils voudront savoir leur jalousie.
Fuis-les.
Va à la gare.
La ville de Reims est contaminée.
Le Chemin,
la terrible pièce du silence
de
la douleur oblongue.
Je pleure.
Un parc en chantier.
Ouvriers et jardiniers me regardent.
Nous nous reconnaissons.
Ceux-là même travaillaient au théâtre
et ils m’ont vue.
Ce sont eux, qui à présent,
nervurent ce qui reste du printemps.
Ils font partie de la société secrète,
de la cellule de la résistance.
Ils sont les clowns masqués
de « l’éveil du printemps »(référence à L’éveil de Printemps de Frank Wedekind)
et
d’ailleurs ils soignent une fleur.
La dernière fleur du parc.
Son odeur est forte.
Je la sens à 3 mètres.
Ils me sourient
nous sommes confiance.
Je fume.
Pour détruire l’odeur de la fleur.
Le sacrifice est le seul moyen de vérifier les bords.
Ils me regardent tous.
Très étonnés.
Ils me détestent.
C’est parfait.

Je les quitte.
Train. Grève. Depêche-toi.
Assieds-toi ici.
Triche. Mens.Traverse le trajet en les déjouant tous.
Assieds-toi là.
À côté d’elle.
C’est une alliée.
Bouge quand elle bouge.
Aie chaud quand elle a chaud.
PASSAGÈRE. − Excusez-moi Mademoiselle, ici c’est ma place.
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Silence.
Ni mon alliée ni moi-même ne bougeons.
Ni mon alliée ni moi-même émettent un petit son réactionnelle.
PASSAGÈRE. − Mademoiselle ? C’est ma place.
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Silence.
Je ricane intérieurement.
PASSAGÈRE. − Mademoiselle, mais c’est ma place !
Olala ! Mais c’est pas vrai ça, c’est ma place, c’est vraiment dégueulasse.
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Elle s’en va
et me cède donc sa place de connasse.
Le train démarre.
Train.
Train.
Train.
Soleil.
Train tremble.
Mon corps frôle des explosions.
Contrôleur.
CONTRÔLEUR. − Bonjour, contrôle des billets s’il vous plaît .
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Judicieusement, je dessine un soleil
sur un bout de papier
et les yeux baissés
je pousse de l’index
le dessin
très lentement
sur la tablette.
Je sens le soupir de l’homme.

Le papier s’envole.
CONTRÔLEUR. − Merci Mademoiselle.
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Coup de chance ou coup de grâce :
prolongement de la fabulation.
Arrivée à la gare de l’Est.
La hardiesse des jeux d’avril s’épanouit.
Engage ton hasard chez Mr P, le chypsanalyste.
Il ne t’attend pas.
Interphone. Bouton. Sonnette. Silence.
Son absence me refuse l’accès.
Je suis pétrifiée.
Je suis coincée dans le hall.
Le bouton de sortie ne marche plus.
Le bouton de sortie ne marche plus.
Une femme est derrière le microphone.
Son rire m’observe.
Elle détient les rênes des humeurs.
Lumière. Obscurité. Lumière. Humeur. Lumière.
Obscurité impose t-elle à chacun de mes mouvements.
Déclenchez le bouton de la porte s’il vous plaît,
je venais voir Monsieur P.
La pénombre siffle.
Rien ne se passe.
Je me suis trompée de six jours, pardon !
iiiiiiiiiiiii- La porte s’ouvre.
Rentre chez toi.
À pied.
Continue le boulevard Magenta.
Prends à gauche.
Rue de Chabrol.
Oh…la rue a perdu sa couleur.
Tout est de noir et de blanc.
Les bus ne véhiculent plus d’affiches.
Un grand projet culturel se prépare.
Il faut donc laisser reposer les têtes d’affiche
en attendant que celles des autres se la fassent couper.
Fais demi-tour.
Vite.
Un jeune homme m’arrête.
Pâle. Transpirant. Fébrile.
Exactement comme moi.
La pomme.

Tends-la lui.
Embrasse-le.
Sourire.
Emmenons-nous à ce siège de terrasse.
Dansons.
Dansons le défi aigu et fragile d’exister sans laisser de traces.
L’entente est tacite,
la règle va de soi.
1-L’ennemi est la pomme.
2-Les propositions doivent être donc sans traces,
et sans trahison.
3- Chaque proposition sera le point de départ pour chaque joueur
à la mesure de leur fureur.
4-C’est-à-dire que chaque proposition devra dépasser celle de l’autre joueur.
Et c’est parti.
ANDRÉE POUCE CONSCIENTE. − Et c’est Andrée Pouce qui perd.
La première à poser sa main suante sur la vitre.
D’ailleurs le choc de l’empreinte a réveillé
la collection de coudes au comptoir masculin.
Andrée Pouce a condamné son courage.
La faute est fuyante.
Elle regarde son acolyte.
Il va plus loin.
Il croque la pomme.
Et c’est Andrée Pouce qui gagne !
Une voiture klaxonne.
Une femme et un enfant.
Sa femme et son enfant.
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Voici la lâcheté des évidences.
Pour clore cette désagréable surprise,
je persiffle son genre
sous le sceau final d’un
va te faire voir connard.
Et ffffffuuuuiiiittt, je file.
La cadence affine ma croyance.
Une dame, devant :
Marraine !
Oh !
Elle rentre dans un restaurant.
Oulalala….ambiance feutrée et moquette-molton ici.
Mm salle pleine.
Que des têtes du carnaval de la culture,
Les pantoufles au pied.
On enfourche les décisions, donc ?
Vite.
Marraine !
Marraine ! Tiens les clés de l’appartement de Reims,
enclenche le relais,
promptement je dois partir.
Dans la rue,
Le serveur me hèle.
LE SERVEUR. − Mademoiselle, la dame vous rend les clés.
ANDRÉE POUCE CONSCIENTE. − Silence.
ANDRÉE POUCE DÉLIRANTE. − Mais…
Mais mon esprit va vite.
Marraine me montre simplement la voie de la sagesse.
Ce n’est pas avec des clés qu’on ouvre des portes.
Ce sens cristallise une nouvelle dimension à la réalité.
J’éclate de rire.
LE SERVEUR. − Ça fait du bien de comprendre ça, non ?
Noir.

 5.
ANDRÉE POUCE CONSCIENTE. − Numéro 5. Conférence sur l’enclenchement de
l’ahurissement d’Andrée Pouce ou comment coincée entre le premier et le deuxième
étage de son mythe, elle trouve l’accès à son ascencion.
Il faut donc noter, qu’Andrée Pouce est à un stade d’excitation de vie où le sens
premier des choses et de leur fonction n’existent plus, parce que le sens premier des
choses et des fonctions sont devenus des symboles.
Le symbole détourne la propre loi du sens premier des choses et des fonctions.
Non seulement il le détourne mais il se substitue au sens premier, il vole la place du
sens premier, il devient le sens premier.
Exemple : le sel versé sur l’aliment n’est pas un condiment, mais une couverture de
protection pour l’aliment. Il n’est qu’une couverture de protection.
Petit note très importante : ici le symbole existe en tant que symbole même, mais il est
aussi jumelé par le code. Le sel est symboliquement une couverture de protection mais
c’est aussi le code du sel.
Il faut préciser aussi que ce n’est pas une vue de l’esprit qui veut mettre de la poésie là
où ça ne sert à rien mais une croyance réelle et convaincante pour Andrée Pouce.
Comme le montre les exemples des ouvriers-jardiners de Reims et du contrôleur,
le comportement de son environnnement est en proie à une solidarité codée.
Il lui apparaît de plus en plus clairement que si le comportement de son
environnement social et urbain devient une prouesse d’inventivités codées, c’est bien la
preuve que ceux qui s’incluent dans cet environnement déjouent le sens premier de la
réalité, et créant ainsi les codes du symbole, font partie des résistants.
Ce à quoi ils résistent, Andrée Pouce l’a supputé tout doucement.
La notion d’un violent danger invisible et silencieux s’était déjà immiscée en elle et elle
avait déjà bien remarqué, constaté, et noté les changements climatiques depuis qu’elle
a la certitude que H.A.A.R.P (High frequency Active Auroral Research Program)
provoque des ondes sismiques et aériennes.
Par exemple, lorsqu’elle rentre chez elle, après avoir compris que ce n’est pas avec des
clés qu’on ouvre des portes, et que le serveur même la réconforte en disant : ça fait du
bien de comprendre ça, non ? et qu’elle prend le boulevard Pigalle à 14h, qu’elle
remarque un homme vêtu d’une veste à strass et d’un pantalon à paillettes rouges,
chaussures vernies derrière une paire de lunette de soleil, assis sur le rebord du talus et
qui, à son passage, lui fait un signe de main spécialement pour elle, pour lui indiquer la
maladie du soleil et que, par le même temps, indique son appartenance à la confrérie
des magiciens donc à la résistance ; quand elle remarque tout cela, avec tout cela, dans
tout cela, elle soupire de soulagement en arrivant chez elle à la place Clichy et écrit à
l’aide de son téléphone portable un texto à son ami écrivain : « je dors » traduit en
langage codé « je me réveille enfin ».
En inscrivant son propre langage dans un code et affinant ainsi sa perception, Andrée
Pouce atteint alors le deuxième étage de son mythe.
Ainsi Andrée Pouce pousse la porte cochère de son immeuble.

 (...)


ACTE 2 : VERSO
UN PASSANT. − La lumière intemporelle exploite sa souffrance,
et Pouce rechute au centre de ses paranoïaques plurielles.
Au seuil de sa porte, elle guette l’altérité.
Zoé l’amie, vient la voir, ponctuelle, fidèle.
Toute l’après-midi, elle regardera l’absurdité des gestes de Pouce,
avec en face, le fracas de son inutilité.
Quand Pouce abandonne son mutisme pour tendre une photographie d’un âne, en
déclarant que cet animal est son père, l’amie se presse d’alerter ses proches.
Au départ de l’amie, les yeux rictus, Pouce brandira un méchant parapluie, et la
menace verticale crâne au-dessus de cette amitié.
Noir.
UN AUTRE PASSANT. − La voici, seule, avec dans ses poches cinq euros et un
ticket pour la piscine.
Elle sort dans la rue vérifier que c’est bien elle, la gardienne de Clichy.
Avec ses mensonges au fond de son vagin, la chatte rousse court au loup noir.
Sous le jour d’une entrée d’immeuble, on peut voir, un homme et une femme
défroqués.
La jouissance comme un crachat, à la dernière seconde, elle ne léchera ni la semence
au sol, et par le même temps, ni les carreaux du sol.
Elle dit qu’elle est riche, qu’elle est la propriétaire de la ville et lui donne son argent.
L’homme a peur. Il pense que c’est une sorcière.
Il chuchote son désir d’être en meute.
Noir.
UN AUTRE PASSANT. − Sur la route de son errance, avec maintenant trois
hommes à ses talons, Pouce rencontre une amie. Une autre amie.
Celle-ci s’inquiète.
Mais qui sont ces hommes ?
Pouce provoque.
D’un geste vif, met en boule du papier à rouler, la porte à sa bouche, claque sa langue,
claque ses mots.
Moi, je suce.
L’amie numéro deux décide de rester avec Pouce, afin de la protéger.
Mais la petite chatte rousse la sème aussi facilement qu’elle peut rire à son nez et
s’enfonce dans un coupe-gorge qu’on nomme Impasse de la Défense.
Noir.
Ils viendront un par un ces hommes qu’elle griffe et qu’elle sidère, à tour de force, à
tour de ruse.
Ils se passent le secret d’une femme qui écarte les cuisses, mais le secret s’épuise.
Elle a ôté son blouson et ses chaussures.
La lumière photovoltaïque l’empêche de se mouvoir, et la prostre dans une totale
immobilité.
C’est la présence d’un chien qui la décide à agir.
Pieds nus, elle marche dans la boue du coupe-gorge et frappe à la porte d’une cabane.
Un homme ouvre et l’accueille.
Il soigne la détresse.
Il lui prête une paire de tennis.
Elle lui demande de la raccompagner avec une bougie allumée dans la main.
L’homme s’exécute.
Probablement qu’il ne comprend rien à cette requête et au discours lacunaire de la
jeune fille, mais il s’éxécute.
La bougie ne s’éteindra pas une seule fois le long du chemin.
Au pied des « Trash Occulaires », l’homme la laisse. Il refuse de renter.
Les hommes et les femmes sont sous l’emprise de l’alcool, et comme lui, elle ressent
d’un seul coup, le long chant des cochons.
Pourtant, elle rentre. Seule.
Ce n’est plus une porcherie, mais un bateau dans lequel les adultes sont des enfantspirates.
Elle se révèle.
On se précipite sur elle, car encore, elle boit dans les verres des autres, car encore elle
n’en fait qu’à sa déraison.
Elle voudrait lire à haute voix La chute de Camus mais on lui arrache le livre après les
cinq premières lignes.
On la punit au coin.
Elle remarque que certaines femmes portent des bagues aux doigts, et se font des
signes entre elles. Pouce ricane de toutes ces petites trahisons féminines.
Elle qui a passé la partie de la nuit à faire mourir des hommes dans un coupe-gorge,
elle se moque de celles qui portent la trahison aux doigts.
Pouce dérange.
Une amie la cherche lui dit-on.
Elle néglige l’urgence et tourne le dos.
Noir.

(...)

ACTE 3 : MODE D’EMPLOI.
ANDRÉE POUCE. − À présent, le rocher appelle l'immensité.
Les psychiatres y ont prescrit crocodiles et requins,
si jamais de ma pierre solitaire,
je désirais nager à un autre rivage.
Les médicaments remplacent l'électrochoc.
Le bruit proche de la tumeur n'organisera pas la volonté:
la traversée aura lieu dans l'immobilité.
Ma déficience pleine dans la peine du mollusque.
LE CORPS MÉDICAL. − Pas de verrous.
Pas d'intimité.
Pas de soutien-gorge.
Pas de crochet.
Hé. Hé.
ANDRÉE POUCE. − Décidez-vous de condamner ma patience en pyjama trop grand
parmi les vôtres ou de m'exclure en neuro-végétale sur le rocher?
LE CORPS MÉDICAL. − Sentence:
Son sort taillera des allers-retours entre le pyjama trop grand et l'ignoble rocher.
ANDRÉE POUCE. − Bitch.
LE CORPS MÉDICAL. − La confrontation psychiatrique ne regarde que soi.
Certains y vont par eux-mêmes.
Certains ont la nécessité d'une tutelle médicamenteuse pour vivre.
Long silence. Très long silence.
ANDRÉE POUCE. − En sept saisons mes pieds ont finit de trouer la pierre.
Mon corps au fond, au bout, au rebut du système nerveux sociétal.
L’hôpital psychiatrique est exclusion et enfermement.
Pour y être cela ne nécessite pas d’une injonction judiciaire et pénale.
Pour y être cela nécessite beaucoup plus de légèreté.
Voulez-vous que je vous prête un bout de savon dans un bout de collant,
lorsque vous boirez votre tasse de thé ?
Je me suis achetée un pistolet en plastique qui fait PAN
ainsi qu'une épée gonflable de pirate des sables mouvants.
Sous mes jouets, vous allez crever.
LE CORPS MÉDICAL. − Pour vous soigner : contention physique et camisole
chimique.
Pourquoi ne pas admettre ces soins ?
ANDRÉE POUCE. − Pendant sept saisons successives, leurs soins ont égayé ma
tombe.
Mon corps; la belle enflure de cette béance.
Quand je regardai cela, le rocher, le trou, la sueur-crustace,
je me quittai.
Et voici que l'immensité appelle le long cri de la plaine.
La douleur stridente sera mon premier degré de survie.
Je marcherai certes bien sur le sol,
et toute direction sera la bonne.
Le corps médical applaudit.
Car la plaine est un désert
que l’horizon épouse.
Mon corps au milieu.
J'ai quitté le bout pour me retrouver dans le milieu.
Pour accompagner mon courage,
l'écho d'une haleine anthropophagique me parvient.
Il est dit: "Nous avons pris cette décision d'enfermement
parce qu'à ce moment-là
nous n'avions pas d'autres choix".
De toute évidence, il y aura aussi des restes nécrophiles.
J'ai jaugé le poids de cette pensée rédhibitoire dans le souvenir de mon acharnement.
Puis j'ai avancé.